La carrière de ce responsable des achats techniques dans l’industrie pharmaceutique était pourtant toute tracée. Avec un diplôme d’études approfondies en biochimie, un diplôme d’études supérieures spécialisées et plus de 15 ans d’expérience, Laurent Lelache réussissait pleinement dans sa vie professionnelle. Et pourtant, son épanouissement se trouvait dans l’art ! Une passion qu’il cultive depuis l’âge de 12 ans. Il est tombé amoureux de la photographie, en particulier des photographies de voyages, dès lors que lui a été offert son premier reflex.« Ma créativité s’exprimait lorsque j’étais en voyage ! » nous livre-t-il. Plus tard, en véritable globe-trotteur, il fait des rencontres humaines et capture avec émotion ces instants, ces couleurs, qui l’inspirent tant. À cette époque, il porte déjà une attention particulière « au détail, au trait, à l’intention », qu’il reflète aujourd’hui à travers son travail.
Plus jeune, ses parents l’ont alors encouragé à faire un CAP de photographe. Cependant, lui pensait que commencer par des études « intellectuelles » était plus raisonnable. La balance a donc penché du côté de la raison lorsqu’il a fait le choix de suivre des études de biochimie et ensuite des études de gestion (MBA), à l’IAE de Paris.
L’évidence de cette appétence pour l’ébénisterie est née de 2 choses. Tout d’abord, une rencontre avec un ébéniste passionné. Durant 3 semaines de stage en Seine-et-Marne aux côtés de cet homme, dans cet atelier où il « apprivoise le rabot, les gouges, le racloir » et manipule le bois, Laurent sait qu’il vient de découvrir ce qu’il appelle « un hobby », sans que cela ne prenne plus de place que prévu dans sa vie. Mais une force visuo-spatiale se développe et le pousse à s’intéresser à ce domaine. Cette capacité à créer, à transformer une idée en plan, puis à la réaliser de ses propres mains le mène sur cette voie.
Domicilié à Paris, Laurent passe alors la plupart de son temps libre à rénover une maison de campagne dans le Berry. De cette rénovation va naître une réelle envie de se consacrer à sa passion et d’entreprendre une reconversion professionnelle.
« À ce moment-là, je me sentais mieux dans mon atelier qu’au travail. J’ai réfléchi, et je me suis dit que j’avais fait le tour de ma carrière », se confie Laurent Lelache. Curieux d’apprendre et en quête de maîtrise, il commence sa reconversion professionnelle à l’école Boulle via le GRETA Création, Design et Métier d’art d’Ile de France, une école parisienne très réputée d’art et de design, où il suit une formation d’ameublement. Il y travaille le fer, le bois, le tissu, etc., et obtient son CAP en 2014.
Il poursuit sa voie au centre de formation pour adultes en ébénisterie Art déco création, en Ardèche. Lors de ces formations, il rencontre de nombreuses personnes comme lui, en situation de reconversion. Ensemble, ils échangent, se sentent compris et se serrent les coudes ! « J’étais dans une classe très hétéroclite, avec des adultes âgés entre 21 et 60 ans et beaucoup de reconversion. C’est là qu’on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’âge pour trouver sa voie ! » déclare-t-il avec amusement
Enfin, il sent qu’il a retrouvé cet élan artistique qui lui manquait tant. Il décide de rendre son tablier et de quitter sa vie parisienne pour rejoindre l’air inspirant et apaisant de la campagne. Cette force de la motivation lui donne un second souffle dans sa carrière professionnelle.
Depuis 2016, Laurent Lelache accueille les clients dans l’atelier installé au sein de son ancienne résidence secondaire, au lieu-dit La Maison-Rouge, à Vallenay. Cela fait maintenant 4 ans qu’il exerce ce nouveau métier. « Certes, cette année est une année charnière où je fais beaucoup d’heures, sans que ce soit très rentable pour le moment, mais c’est épanouissant et je ne le regrette pas », nous confie l’ébéniste. Dans ce nouveau métier, il a dû se réorganiser et s’adapter aux différentes techniques, ce qui n’a pas été une mince affaire.
Avant, il achetait des machines à l’international et maîtrisait les techniques de commercialisation. Maintenant, il doit vendre ses fabrications. « C’est étroitement lié, mais tout de suite plus compliqué ! », souligne-t-il. Il fait face à une autre problématique : celle de la concurrence. En effet, l’artisanat a du mal à se faire reconnaître, avalé par le marché des meubles préfabriqués, certes moins chers, mais moins durables et moins personnalisés.
Pour rentabiliser sa passion, il propose d’autres services comme la menuiserie et l’agencement en réalisant des portes anciennes des fenêtres faites sur-mesure et en restaurant d’anciens meubles. À travers son activité principale, l’ébénisterie d’art, il désire remettre des techniques des savoir-faire anciens et français en valeur ! Le côté traditionnel lui plaît beaucoup plus que le côté industriel. Son matériau fétiche : le bois indigène, car il peut pousser en France. Cela correspond aussi à une des forces dominantes, celle des valeurs. Entre envie d’utiliser des matériaux locaux et préservation du savoir-faire, Laurent reste fidèle à sa vision de l’ébénisterie.
Petit à petit via le bouche à oreille, mais aussi grâce à des expositions qu’il réalise pour se faire connaître avec d’autres artisans d’art, Laurent commence à se faire un nom dans le métier. « Ma clientèle est les gens qui aiment se faire plaisir, ils vont économiser et se faire plaisir avec du sur-mesure », confie l’artisan d’art.
Il souhaite dans le futur moins participer aux expositions, élargir sa clientèle et surtout faire plus d’ébénisterie d’art, ce pourquoi il s’est réorienté !
Laurent Lelache est l’exemple même de la reconversion : il est épanoui dans son métier et garde les pieds sur terre. Durant sa réorientation, il a dû faire preuve de courage, d’ouverture d’esprit et surtout d’authenticité, cela sans perdre sa personnalité et en se démarquant grâce à son style de prédilection : l’art déco et l’inspiration tropicale ! Il s’est bien entouré en se faisant un réseau de professionnels qui ont pu l’aider dans son choix en lui partageant leurs conseils et expériences. Il y a une coopération interprofessionnelle qui est naturelle !
Selon lui, « la clé de la réorientation, c’est la réflexion ! » Il ne faut pas partir tête baissée, mais réfléchir en amont à son projet. « Il est nécessaire d’avoir quelque chose qui va vous aider à passer ces 4 premières années (de l’argent de côté, la famille pour vous soutenir, un appartement déjà payé…), mais pour autant, il faut partir ! » Comme il le dit si bien en utilisant l’expérience de ses voyages : « La réorientation, c’est comme un voyage. Il faut y aller et vivre d’aventures. Être prêt à subir quelques turbulences, mais toujours garder son objectif et se relever ! »
Il est parfois compliqué de réaliser que nous voulons changer de parcours professionnel. La réorientation est souvent un cap important à passer. Peurs, doutes ou encore incertitudes peuvent vous empêcher de trouver votre voie.
Si vous vous posez des questions, vous aussi, Le Klub Extraordinaire peut vous aider à mieux vous connaître et à commencer votre réflexion !
Comme l’a fait Laurent Lelache, il est possible de revenir sur votre parcours professionnel en vous réorientant !
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